Aucune
salle clairsemée encore moins vide à l'heure de la projection. Surtout quand il
s'agit d'un film tunisien ou dans lequel intervient un seul tunisien. Le constat
se fait devant toutes les salles de la Capitale à l’heure moins le quart des
projections. Souvent des bousculades, des cris de revendication en arabe, des
slogans de mécontentement… Guichets fermés. Les gardiens aux portes se montrent
coriaces et résistent. Le monde déborde, envahit les rues et rend la
circulation impossible aux usagers. L’engouement du public tunisien a-t-il une
explication intrinsèque ?
Depuis le
début des 28ème journées cinématographiques de Carthage, le public
se comporte de la même façon aux heures de projection. Apparemment l’économie
du cinéma tunisien est réalité avec cette affluence tickets en mains. Toutes les salles évoluent à guichet
fermés. Les longues files des bouts de bois de Dieu en témoignent long.
Contrairement à certains festivals du genre dans le monde qui offrent des
salles clairsemées, Tunis marque la différence. De près, on dirait que l’âge
des JCC admis comme un patrimoine national, est transmis de génération en
génération en tant qu’événement à ne pas rater. Des familles et des jeunes quittent
loin de la Capitale pour s’y rendent.
Le
public plutôt nationaliste ?
Plusieurs
personnes abordées dans les rangs ne savent parfois rien du film à suivre. Ils
sont là parce que c’est les JCC, et c’est un film tunisien ou arabe. D’autres
achètent leur ticket parce qu’ils ont entendu parler du film. Mais le plus
courant des cas, c’est un film tunisien. Aux responsables habituels des salles
de savoir si l’engouement est la même quand les films sont programmés en salle hors
JCC? Ils répondent, non. Pas le même monde. Est-ce à dire que le public est
plutôt nationaliste que cinéphile ? Nous avons été surpris de constater qu’aux
portes de la salle Le colisée vers 18h 30 du mercredi 8 novembre, manifestait
une foule drapeau en mains et scandant en arabe des slogans hostiles à… Le film
l’insulte du libanais Ziad Doueri est au programme à 18h45. Poussant notre curiosité, ce sont des jeunes
engagés contre l’idée du réalisateur d’un de ses films qui défend Israël alors
que le monde arabe serait plutôt pour la Palestine… Bref, pour dire à quel point ce rendez-vous du
cinéma entretient aussi bien des considérations politiques que religieuses. Cependant
ici, le goût de la foule n’est pas pour autant indice du pire. Les forces de l’ordre
encadrent tout et offrent sécurité et quiétude aux « jccéphiles ».
Cette panoplie de gens de tous âges qui
prennent d'assaut les salles, toutes les salles simultanément et tous azimuts et
qui se bousculent aux guichets comme aux portes juste pour une place chacun,
sont il des cinéphiles ou des concitoyens dévoués et éduqués par les JCC pour
les JCC? Gare aux professionnels invités s’ils ne quittent pas leurs
hôtels au moins une demi-heure avant. Même leur badge au cou ils ne parviennent
pas à braver la foule immense déjà révoltée. Le staff de sécurité n'y peut
rien. Ils ratent simplement la projection et quand il leur faut rattraper dans
une autre salle une autre fois, Sisyphe retourne sous son rocher. Enfin, il reste aux JCC de redoubler d’effort
dans l’éducation de son public. Malgré la dizaine de spots de sensibilisation réalisés
sur les comportements en salle, des gens ne cessent de se lever en pleine
projection ouvrant et battant les portillons. D'autres se permettent de
décrocher leur téléphone à sonnerie non désactivée. Pire il y en a qui
commentent en direct soit chuchotant en arabe à son voisin juste quelques mots
destinés à déconcentrer le professionnel. Comme pour confirmer que tous ceux
qui se bousculent à l’entrée ne sont pas pour autant des cinéphiles.
Happy Koffi Goudou
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