vendredi 10 novembre 2017

28ème Journées Cinématographiques de Carthage, le public nationaliste ou cinéphile ?





Aucune salle clairsemée encore moins vide à l'heure de la projection. Surtout quand il s'agit d'un film tunisien ou dans lequel intervient un seul tunisien. Le constat se fait devant toutes les salles de la Capitale à l’heure moins le quart des projections. Souvent des bousculades, des cris de revendication en arabe, des slogans de mécontentement… Guichets fermés. Les gardiens aux portes se montrent coriaces et résistent. Le monde déborde, envahit les rues et rend la circulation impossible aux usagers. L’engouement du public tunisien a-t-il une explication intrinsèque ?
 
Depuis le début des 28ème journées cinématographiques de Carthage, le public se comporte de la même façon aux heures de projection. Apparemment l’économie du cinéma tunisien est réalité avec cette affluence tickets  en mains. Toutes les salles évoluent à guichet fermés. Les longues files des bouts de bois de Dieu en témoignent long. Contrairement à certains festivals du genre dans le monde qui offrent des salles clairsemées, Tunis marque la différence. De près, on dirait que l’âge des JCC admis comme un patrimoine national, est transmis de génération en génération en tant qu’événement à ne pas rater. Des familles et des jeunes quittent loin de la Capitale pour s’y rendent.
Le public plutôt nationaliste ?
Plusieurs personnes abordées dans les rangs ne savent parfois rien du film à suivre. Ils sont là parce que c’est les JCC, et c’est un film tunisien ou arabe. D’autres achètent leur ticket parce qu’ils ont entendu parler du film. Mais le plus courant des cas, c’est un film tunisien. Aux responsables habituels des salles de savoir si l’engouement est la même quand les films sont programmés en salle hors JCC? Ils répondent, non. Pas le même monde. Est-ce à dire que le public est plutôt nationaliste que cinéphile ? Nous avons été surpris de constater qu’aux portes de la salle Le colisée vers 18h 30 du mercredi 8 novembre, manifestait une foule drapeau en mains et scandant en arabe des slogans hostiles à… Le film l’insulte du libanais Ziad Doueri est au programme à 18h45.  Poussant notre curiosité, ce sont des jeunes engagés contre l’idée du réalisateur d’un de ses films qui défend Israël alors que le monde arabe serait plutôt pour la Palestine… Bref,  pour dire à quel point ce rendez-vous du cinéma entretient aussi bien des considérations politiques que religieuses. Cependant ici, le goût de la foule n’est pas pour autant indice du pire. Les forces de l’ordre encadrent tout et offrent sécurité et quiétude aux « jccéphiles ».
 Cette panoplie de gens de tous âges qui prennent d'assaut les salles, toutes les salles simultanément et tous azimuts et qui se bousculent aux guichets comme aux portes juste pour une place chacun, sont il des cinéphiles ou des concitoyens dévoués et éduqués par les JCC pour les JCC?  Gare aux professionnels invités s’ils ne quittent pas leurs hôtels au moins une demi-heure avant. Même leur badge au cou ils ne parviennent pas à braver la foule immense déjà révoltée.  Le staff de sécurité n'y peut rien. Ils ratent simplement la projection et quand il leur faut rattraper dans une autre salle une autre fois, Sisyphe retourne sous son rocher.  Enfin, il reste aux JCC de redoubler d’effort dans l’éducation de son public. Malgré la dizaine de spots de sensibilisation réalisés sur les comportements en salle, des gens ne cessent de se lever en pleine projection ouvrant et battant les portillons. D'autres se permettent de décrocher leur téléphone à sonnerie non désactivée. Pire il y en a qui commentent en direct soit chuchotant en arabe à son voisin juste quelques mots destinés à déconcentrer le professionnel. Comme pour confirmer que tous ceux qui se bousculent à l’entrée ne sont pas pour autant des cinéphiles.

Happy Koffi Goudou

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