lundi 14 mai 2018

DAK'ART 2018 DEM'ART avec le grand prix Léopold S. Senghor pour le Bénin

 Laeila Adjovi est premier Grand Prix Léopold Sedar Senghor,  son œuvre Malaïka Dotou Shankofa révèle le Bénin à la 13ème  biennale de l'art africain contemporain. 



Dès la cérémonie d'ouverture de la 13ème biennale dak'art ce 03 mai, les suspens sont vite levés. Le Grand Prix  Léopold Sédar Senghor du Président de la République est attribué. D'une valeur de 20 millions de FCFA, il est remporté par l'œuvre "Malaïka Dotou Shankofa" du duo franco-béninois Laeila Adjovi-Loïc Hoke.  Cependant seule Nola la fille du couple photographe demeure pour l'instant son unique plus belle création.

Elle vient de la photographie documentaire. Pour ce projet Malaïka Dotou Sankofa, elle a essayé autre chose, grâce à la collaboration avec Loïc Hoke, directeur photo documentariste, le papa de sa fille. Les deux optent pour la photo de studio pour créer une espèce d'allégorie visuelle de l'Afrique qui doit se défaire des préjugés et des entraves qui continuent de nos jours. Malaïka Dotou Shankofa est le fruit de la construction d'une paire d'ailes articulées avec des motifs en mosaïques de tissus pagne dont toutes les plumes faites à la main. Résultat, une grande aile d'ange dont les plumes en wax, symbolisent l'identité africaine multiple, complexe, parfois si lourde à porter quand on voyage, compte tenu des préjugés contre les africains. Ils en font une série de photos qui met en scène leur créature Malaïka Dotou Shankofa, portée par la danseuse sénégalaise Marie-Agnès Gomis. L'interprète s'accoutre d'un petit costume terne qui représente une sorte de modernité à  l'occidentale mais qui endosse ses ailes  pour essayer de faire porter le message d'une Afrique qui se libère de tous clichés et entraves. Le temps de la création remonte à octobre 2016 selon Laeila et équivaut au temps de ses congés sabbatiques pour la naissance de Nola. Le sous-sol de l'ancien palais de la justice lieu qui abrite l'exposition internationale de la 13ème biennale, a servi de cadre pour la création de Malaïka Dotou Shankofa. C'est la partie en ruine non restaurée de l'édifice qui est transformée en studio pour photos format argentique sur pellicules développables, comme à l'ancienne. A tout ceci s'ajoute un poème signée Laeila Adjovi. L'oeuvre littéraire recopiée et transposée sur trois parties des murs de la salle d'exposition n°2, avec comme vecteur des mots, la main à travers une jolie écriture calligraphique superbe qui accorde à ce poème visuelle une esthétique atypique. Le poème Malaïka Dotou Shankofa devient un art visuel savouré dans ces trois étapes.  Malaïka qui signifie "Ange" en swahili, "Dotou" veut dire "reste droit" en langue Fon (emprunt du goun gbé) du Bénin et Shankofa qui rappelle le symbole Akan de l'oiseau messager qui vole la tête tournée à l'arrière pour dire "love from the past". 
A propos du Grand prix Léopold Sedar Senghor du Président de la République, il est attribué pour la première fois dans l'histoire de la biennale dak'art. Remis en main propre par le Président sénégalais Macky Sall, il vaut 20 000 000 FCFA. Il est instauré pour encourager la créativité artistique. D'autres prix de la même logique, sont décernés. Le Prix Uemoa s'élève à 5 millions, il est emporté par l'artiste photographe Franck Bacar alias Fany de la Côte-d'Ivoire. Le Commissaire Michel Sawadogo du département du développement humain a remis ledit prix au directeur artistique de dak'art pour le lauréat. L'Oif octroie 15 milles euros au lauréat de son prix. Le Marocain Souad Larouche emporte en numéraire 5 000 euros et 10000 euros pour sa formation par l'Oif. Quant au prix révélation de la biennale 2018, il est décroché par Wajo Olory. Très ému lors de la remise, le jeune artiste nigérian n'a pas su contenir ses larmes de joie. "La joie c'est la grâce d'être à la biennale" a -t-il confié au public pour son mot. La cérémonie d'ouverture de la 13ème édition de la biennale d'art africain contemporain est placée sous le parrainage et la présence effective du Président de la République du Sénégal, Macky Sall. 

Happy Sylvestre GOUDOU















Quelques oeuvres "Malaïka Dotou Shankofa" de la lauréate L. Adjovi salle n°2 de l'exposition internationale, l'heure rouge.

mardi 1 mai 2018

Didier Awadi sort Made in Africa, 5 ans comme un roseau...


Didier Awadi, en 5 ans comme un roseau, il plie …

Enfin « Made in Africa », il ne rompt pas.


De retour avec Made in Africa, Didier Awadi se veut plus mature que jamais, et très serein avec une diction améliorée. Il l’a démontré avec les boulettes de Dakar son orchestre qui l’accompagne sur scène ce mardi 24 avril 2018 au Balajo. L’occasion, la soirée dédicace de Made in Africa, son nouvel album de 23 titres entièrement réalisés en Afrique durant ses années de silence dans plusieurs Capitales, en featuring avec toutes générations d’artistes africains. Face à la presse composée des journalistes culturels de l'Uemoa et des journalistes sénégalais, il se montre convainquant de même que sa prestation live.

 Sur la petite scène du Balajo, espace simplement artistique  à Dakar, l'artiste s'entoure de jeunes talents de différentes nationalités africaines (Gabonaise, congolaise, camerounaise, ivoirienne, sénégalaise...). Il approfondit ainsi sa logique de pan-africaniste entamé  sur Made in Africa avec la bonne quinzaine de featuring réalisés tant avec de jeunes talents qu'il révèle qu'avec des talent en confirmation, confirmés. On peut citer la camerounaise Daniela Ahanda de passage sur the voice Afrique francophone et Bo Diaw (Ndaanane & sorry remix). Claytone Hamilton sur le titre made in Africa, Dip Doundou Guiss dans djambar, Moon Sizzla (don't cry 4 a man). D'autres talents en confirmation aussi interviennent, Eddy Kenzo, Ismaël Mapaga (mamiwata), Dadipo Slim (comme au premier jour), Duggy Tee. De ceux confirmés saffichent au premier rang l'ivoirienne Josey priscille dans never give up, Ombre zion, Mary Ndiaye... Comme des béquilles pour Awadi, des gloires de la musique africaine, ceux-là qu'on pourrait désigner comme des trésors humains vivants ont signé un contrat de confiance avec leur jeunes frère, leur bon petit. Bamako blues garde les empreintes du Vieux Farka Touré, Africa du rossignol Ismaël Lo est repris avec l'artiste et la partition hip-hop de Didier, Bamboulisme avec Alpha Blondy. Made in Africa fait savourer aussi bien des titres engagés tels manipulation, bamboulisme, CFA, la mission, que des titres tendance populaire, et d'autres aux couleurs wolof. Dans tous les cas, l'artiste se refuse de se répéter ou se reprendre le même style d'il y a 5 ans. C'est ce qui justifie son choix, celui de se soumettre à la rigueur de jeunes arrangeurs tous presque de la nouvelle génération, mais très talentueux, en témoigne la qualité des morceaux. Lui-même ne s'est pas éloigné de ce feeling qu'il recherche. 
Pour la circonstance Didier Awadi fait voyager les artistes à travers l'Afrique. Il présente sur support vidéo cette aventure qu'il subit pendant cinq années. Le clip de Bamako blues suscite la peur chez certains fans. Il traite de sa mort par empoisonnement... au point où la curiosité s'interroge si c'était son dernier album. Non, rassure l'artiste. Le choix de l'ambulance qui le transfère à l'hôpital est meilleur au premier qui devait le confiner dans un cercueil. Il ne manque pas de gens proches qui lui en veulent à mort, après l'avoir trahi, a confie-t-il.    Sa déception due à l'état bancal de la démocratie par certains dirigeants africains le désole. Il recommande aux pouvoirs placés au prix de combats mais qui tissent la toile de Pénélope,  la force de l'argument et non l'argument de la force. Allusion est spécifiquement faite au pouvoir sénégalais. 
Son silence des cinq dernières années peuvent faire de lui, un roseau qui plie mais ne rompt pas. Des Capitales africaines connaîtront chacune selon l'artistes, un concert de présentation de Made in Africa.  Un bon projet de vulgarisation de l'idéologie Awadi? L'avenir nous le dira.


Happy Koffi GOUDOU